Comment vivre en paix avec ses poils ?
Je veux dire : comment vivre en paix ENTRE SOI et ses poils.
Paraît qu’il faut s’aimer à poil. Moi, je trouve ça étymologiquement difficile.
Non, ma question, c’est : comment s’aimer quand on a le poil qui repousse ?
Parce que : qui dit « poil qui repousse » dit « réactions en chaine ».
Parce que : qui dit « poil qui repousse » dit « réactions en chaine ».
Pas de crème sur gambettes, ça fait trop mal de sentir un carnage pareil.
Pas de fatal croisé de jambes, quand ça frotte ça pique.
Pas de gazelle sautillante gambettes à l’air, le vent dans les poils ça chatouille trop.
Pas de hourra hourra bras en l’air, d’ici à ce qu’un fétichiste du poil s’enamourache on n’est pas rendue.
Pas d’oisiveté, on va quand même pas se rajouter un poil dans la main.
Pas d’heureux hasard, on va pas céder à bel inconnu la VEILLE d’un rendez-vous chez l‘esthéticienne.
Bref. Vivons poilue vivons cachée ? Bof bof.
Pourtant, c’est mécanique, on est bien obligée d’attendre queçarepousse. Qui se souvient de l’esthéticienne qui dit « pasassezlong, mafille » et vous renvoie illico purger votre période de friche poilue, au purgatoire des femmes au poilquipousse ? Qui se souvient de la tentation du rasoir, prête à foutre en l’air des années d’épilation à la cire, prête à se faire une repousse bien drue, prête à souffrir deux fois plus lors de la prochaine épilation… juste pour « une soirée avec… »?
Moi dans ces cas là, rasoir à la main je rase pas. Lassée de m’inspecter du poil, je m’introspecte. Je brandis mon rasoir et je réfléchis. Et tac, je me sens une âme de révolutionnaire qui pousse, une âme d’énervée du poilunpeutropcourt mais poilunpeutroplong, d’aventurière de l’animalité qu’ON cherche à étouffer.
Je pique, ET ALORS ?
Et qui c’est, d’abord, qu’a dit que les femmes piquantes elles étaient moins bien que les femmes lisses ?
Et qui c’est, le con qui veut plus faire honneur aux poilus ? (ok je triche il manque le « e » mais je suis de mauvaise foi si je veux)
Et qui c’est, au fait, ce ON qui cherche à étouffer les femmes au poil ?
ON est un CON.
ON c’est MOI.
MOI est un CON.
Bon ben c’est pas comme ça qu’on va assumer d’être une fille pas nette quelques jours par mois.
Après tout, quand on n’est pas nette, on n’est pas nette, peut-être.
Alors comment vivre en paix avec ses poils quand on n’est pas nette ?
Finalement, je ne vois qu’une chose : chercher une réponse. Le temps de ne pas la trouver, les poils auront repoussé, l’esthéticienne pourra nous faire une peau de bébé. Et nous, on sera tellement soulagée qu’on dira touche-touche à chéri-chéri, qu’on se matera la gambette à n’en plus pouvoir, qu’on se fera des chatouilles-touilles-touilles, qu’on aura enfin retrouvé le minimum vital de crétinerie, qu’on fera des folies minijupesques, qu’on dira à Paulo embrasse-moi-l’aisselle, qu’on sera même convaincue d’avoir perdu 2 kilos rienquenpoils, qu’on se fera tout un cinéma d’un fatal croisé de jambes en disant « t’as vu-t’as vu ».
Peut-être les poils c’est la vie : parfois, faut avoir mal au poil pour retrouver le plaisir de se poiler.
P’têt bien qu’oui, que comme on s’dépoile, on s’poile.