mardi 31 mai 2011

happy poils





Comment vivre en paix avec ses poils ?
Je veux dire : comment vivre en paix ENTRE SOI et ses poils.
Paraît qu’il faut s’aimer à poil. Moi, je trouve ça étymologiquement difficile.

Non, ma question, c’est : comment s’aimer quand on a le poil qui repousse ?
Parce que : qui dit « poil qui repousse » dit « réactions en chaine ».
Pas de crème sur gambettes, ça fait trop mal de sentir un carnage pareil.
Pas de fatal croisé de jambes, quand ça frotte ça pique.
Pas de gazelle sautillante gambettes à l’air, le vent dans les poils ça chatouille trop.
Pas de hourra hourra bras en l’air, d’ici à ce qu’un fétichiste du poil s’enamourache on n’est pas rendue.
Pas d’oisiveté, on va quand même pas se rajouter un poil dans la main.
Pas d’heureux hasard, on va pas céder à bel inconnu la VEILLE d’un rendez-vous chez l‘esthéticienne.
Bref. Vivons poilue vivons cachée ? Bof bof.

Pourtant, c’est mécanique, on est bien obligée d’attendre queçarepousse. Qui se souvient de l’esthéticienne qui dit « pasassezlong, mafille » et vous renvoie illico purger votre période de friche poilue, au purgatoire des femmes au poilquipousse ? Qui se souvient de la tentation du rasoir, prête à foutre en l’air des années d’épilation à la cire, prête à se faire une repousse bien drue, prête à souffrir deux fois plus lors de la prochaine épilation… juste pour « une soirée avec… »?

Moi dans ces cas là, rasoir à la main je rase pas. Lassée de m’inspecter du poil, je m’introspecte. Je brandis mon rasoir et je réfléchis. Et tac, je me sens une âme de révolutionnaire qui pousse, une âme d’énervée du poilunpeutropcourt mais poilunpeutroplong, d’aventurière de l’animalité qu’ON cherche à étouffer.

Je pique, ET ALORS ?

Et qui c’est, d’abord, qu’a dit que les femmes piquantes elles étaient moins bien que les femmes lisses ?
Et qui c’est, le con qui veut plus faire honneur aux poilus ? (ok je triche il manque le « e » mais je suis de mauvaise foi si je veux)
Et qui c’est, au fait, ce ON qui cherche à étouffer les femmes au poil ?
ON est un CON.
ON c’est MOI.
MOI est un CON.
Bon ben c’est pas comme ça qu’on va assumer d’être une fille pas nette quelques jours par mois.
Après tout, quand on n’est pas nette, on n’est pas nette, peut-être.

Alors comment vivre en paix avec ses poils quand on n’est pas nette ?
Finalement, je ne vois qu’une chose : chercher une réponse. Le temps de ne pas la trouver, les poils auront repoussé, l’esthéticienne pourra nous faire une peau de bébé. Et nous, on sera tellement soulagée qu’on dira touche-touche à chéri-chéri, qu’on se matera la gambette à n’en plus pouvoir, qu’on se fera des chatouilles-touilles-touilles, qu’on aura enfin retrouvé le minimum vital de crétinerie, qu’on fera des folies minijupesques, qu’on dira à Paulo embrasse-moi-l’aisselle, qu’on sera même convaincue d’avoir perdu 2 kilos rienquenpoils, qu’on se fera tout un cinéma d’un fatal croisé de jambes en disant « t’as vu-t’as vu ».
Peut-être les poils c’est la vie : parfois, faut avoir mal au poil pour retrouver le plaisir de se poiler.
P’têt bien qu’oui, que comme on s’dépoile, on s’poile.


lundi 30 mai 2011

the first minute of a new day




the revolution will not be televised, he said in 1974
let's dress with soul












samedi 28 mai 2011

les pensées secrètes de Lisette Torgnolle




Aujourd’hui, nouvelle rubrique à retrouver tous les samedis : 
« Les pensées secrètes de Lisette Torgnolle ". 
Lisette Torgnolle dit des trucs nuls. On lui ficherait des baffes.


Les filles qui transpirent pas.

Et pourquoi y’a des filles qui transpirent pas alors que MOI, Lisette Torgnolle, je sue quand je suis dans le métro ? Qu’est-ce qu’elles ont de plus que moi, ces greluches ?
Cette injustice est scandaleuse.
Je les vois elles me narguent. Elles toutes sèches, moi toute reluisante comme une tranche de chorizo à Nice. Elles pourraient AU MOINS rester mattes sans me mater, retenez moi ou je les latte.
Ca les fait marrer, de me voir tapoter du kleenex pour absorber l’extra-sébum. C’est pas extra, mes p’tites coconnes.  Je le vois, vot’petit sourire en coin, qui dit « tiens, v’là Lisette qui luit ». Faites pas vot’ maline, savez pas mais moi j’me dis « tiens, v’là coconne qui lit Voici». Pourriez au moins pas reluquer ma luisance. Si on peut plus briller tranquille.
J’vais toutes vous asperger avec mon gun à eau. Za va zigouiller dans l’métro !
Il est dit que Lisette Torgnolle ne sera plus la seule à luire.

Gare à vous, car moi, Lisette Torgnolle , vais arpenter les couloirs du métro armée d’mon gun à eau pour rétablir la justice face à la transpiration. Pschitt, pschitt dans ta face !

Signé Lisette Torgnolle.



mercredi 25 mai 2011

sentimental shopping (#2 Françoise)





Vers Saint Germain des Près, dans une petite rue pavée paisible, Françoise est tranquille.
Françoise est connue mais Françoise est tranquille. 

Je viens lui rendre visite et lui demande si nous pouvons passer un moment ensemble. C’est pour ma rubrique « Sentimental Shopping » je lui dis. Ses yeux se plissent, nous sortons fumer une cigarette telles deux libres élégantes et elle me dit « oui, le sentimental shopping je vois bien ce que vous voulez dire parce que moi, mon boucher a pris sa retraite il y a un mois et depuis, lui et sa femme ils me manquent. Il y en a plein, des bons bouchers à Paris, mais EUX, vous voyez, il y a un sol à petits carreaux et ils mettent de la sciure dessus, comme avant, et puis on discute on se connaît ils aiment les bons produits. Ils pourraient faire des chichis avec la mode des bons produits mais non, eux, juste, ils aiment les bons produits et les gens. Moi quand je reçois à dîner, je sers des bons produits et je n’en fais pas trois tonnes. Des bons produits des bons amis et comme ça on discute ». 







En parlant de son « sentimental boucher », Françoise venait de se décrire, sauf que Françoise, c’est Françoise Hauguet, expert en haute couture internationalement reconnue, grande prêtresse des années 1900-1940, sublime dans le travail qu’elle a effectué notamment pour la vente de la collection Denise-Paul Poiret. Mais évidemment, ça, elle ne l’évoque pas. 
Elle est dans le présent avec l’amour de l’histoire des belles choses, Françoise. 

Sa boutique est à son image : une grande modestie dans l’apparat, une grande élégance dans le fond. Et beaucoup, beaucoup de fantaisie. La fantaisie de ceux qui ont le fond solide.








Françoise a travaillé et travaille toujours avec les plus talentueux des stylistes, mais elle préfère parler « des budgets du cinéma Français qui ont bien diminué vers 1992, ce qui a eu pour effet de soigner le costume un peu moins ou un peu moins souvent, c’est regrettable ». Françoise parle des « stylistes des grandes maisons qui font appel à elle », mais « attention, hein, ils ne copient pas ils s’inspirent, on parle d’art, là ».

Il y a deux ans Françoise et moi étions tombées d’accord sur la robe qu’il me fallait : une robe Nina Ricci vert prairie des années 50. Je dis « tombées d’accord » parce que Françoise ne « fait pas de vente », c’est une experte amoureuse du beau vêtement et de l’allure. Parce que Françoise a l’œil expert, le verbe franc, l’attitude bienveillante et l’élégance de ne rien laisser paraître de tout ça si elle sent que vous n’en avez que faire. 

« Non mais franchement, le détail du montage d’une manche, le poignet, la poche, c’est essentiel pour l’allure. Aujourd’hui il faut aimer ça, encore. Et c’est accessible même à celles qui croient que ça ne l’est pas ! ». C’est vrai que la robe Nina Ricci, je l’ai payée 120 euros et la trouve plus précieuse que 3 robes « de chaine ». « Il faut être curieuse, respecter le vêtement, se cultiver un peu, vous le direz, hein !? ».

« Et vous l’avez vue ma vitrine ? Vous en pensez quoi de ma vitrine ? C’est mon ami-qui-travaille-dans-la-mode qui les fait, mes vitrines. Les détails, vous en pensez quoi ? ».





J’en pense que les vitrines de la boutique Ragtime, 23 rue de l’Echaudé, Paris 6°, valent le coup qu’on les regarde des heures.  Un concentré de bon goût avec un côté minimaliste, tant les choix sont subtils et les chichis inutiles.










Je vous laisse avec une petite sélection de vêtements et l’envie de vous avoir donné envie d’aller, vous aussi, faire du sentimental shopping chez Françoise.






Haut soie et dentelles années 1910

Yves Saint Laurent collection bijou

Haut Yves Saint Laurent

Haut Maggy Rouff (oups, je l'ai pris... Maggy Rouff, merde!)

Veste Givenchy

Liseuse Dior Lingerie

Robe Madame Grès

Veste AVEC la robe Madame Grès
Robe en soie Léonard (oups, je l'ai prise!)

Robe Lanvin

Tailleur pantalon début années 70


Robe en soie années 1920

Chemisier + veste Louis Féraud

Tailleur jupe Courrèges

Kimono soie 1920




 

dimanche 22 mai 2011

l'habit ne fait pas la salope



Dimanche 21 mai, 17h, Fontaine Stravinsky à Paris. Des gens s’expriment, suite à l’appel lancé par Osez le Féminisme, La Barbe et Parole de Femmes, sur le thème « Sexisme : ils se lâchent, les femmes trinquent ». Femmes et hommes prêts à signer, retrouvez-vous ici : http://www.osezlefeminisme.fr/  Pétition déjà signée par 15000 personnes, ce qui est bien mais bien trop peu, dixit Audrey Pulvar. Applaudissements.  Journalistes talentueux et fins analystes vous parleront de l’événement ainsi que du raz de marée qui s’annonce. Moi je ne sais que partager un sentiment,  avec l’audacieuse envie de recueillir le votre… le blog est si jeune, la bloggeuse est « in » mais pas  fluent.
Si l'article vous ennuie, allez directement aux photos ; )

Je n’ai jamais été féministe.
Probablement parce que je suis née en 1972 et que de formidables salopes avaient déjà été superbement héroïques lorsque je fus en âge de baiser, de claquer mon salaire,  de glisser un bulletin dans la fente, de tracer ma route et de baiser encore, ou pas.
Probablement parce que je fais partie de ces femmes nées le cul dans la soie de leurs droits, claquant plutôt le bitume pour des combats politiques du côté gauche.
Probablement parce que j’ai toujours été convaincue que les femmes sont des hommes comme les autres. Que le combat pour l’égalité voire pour l’indifférence est bien plus large que la cause féministe. Que s’engagent pour l’égalité universelle les plus intrépides d’entre les humains : femmes et hommes hétéros, transpédégouines, politicos, artisticos, journalisticos, noirsblancsbeurs en color-bloc… et tout ce que l’humanité compte d’humains un tant soit peu pourvus d’humanité et d’esprit critique.
Probablement parce que, avouons le, en ce qui concerne la cause des femmes ici et maintenant, vu de ma petite frenchy-fenêtre, celles et ceux qui se manifestent dans la vie me parlent plus que celles et ceux qui ne manifestent que dans la rue.  Simone de Beauvoir, Dirty Martini, Sonia Rykiel, Françoise Dorin, Wendy Delorme, Simone Veil, Pedro Almodovar, Annette Messager, Louise Bourgeois, Patti Smith, Betty Page, Veronique Leroy, Coco Chanel, Paul Poiret, Elsa Schiaparelli, Frida Kahlo, Peaches, Miss Kittin, Dj Chloé, Billie Holiday, Agnès Varda, Joséphine Baker, Dorothea Lange, Colette, Rosa Parks, Greta Garbo, Lena Horne, Jean-Paul Gauthier, Vivienne Westwood.  On continue ?
Mais voilà. DSK. En France, les réactions surréalistes. La presse internationale : les français sexistes, les français laxistes. Notre réputation. Je chante à tue-tête la merveille de Peaches « I don’t give a fuck about reputation, I don’t give a fuuuuuuuuuuck ».
Mais enfin. Peut-être avons-nous là un des rares sujet où « l’opinion publiée » et « l’opinion publique » dont parle Maffesoli, finissent enfin par se rejoindre au même endroit : col blanc tout puissant a la couture qui craque.
Je crois qu’un mouvement est en train de naître. Qu’au-delà des femmes, beaucoup s’y reconnaissent : toutes les victimes de « l’image qu’on se fait d’eux », toutes les victimes du « je vous prie de vous taire, qui êtes-vous d’abord, j’ai le pouvoir de vous nuire, vous savez », toutes les victimes de violences physiques et morales « parce que je suis plus fort que toi ».
Et je crois que l’HABIT revêt un rôle important dans tout ça.
C’est pour cela qu’il me passionne, l’habit. En ce qu’il informe ou trompe sur qui l’on est. En ce que certains se donnent des droits sur l’habit qu’ils croient vêtir quelqu’un d’inférieur. De quoi j’ai l’air ? Pour qui tu me prends ?
La quête vers un pacte de paix entre l’image de soi et l’image perçue… pour s’en amuser et jouer avec l’habit comme on se joue de l’avis des autres, c’est passionnant je trouve. Se vêtir d’élégance, même à poil, ça me parle.
L’histoire du vêtement est bien une histoire des peuples et des sociétés. Je crois que la civilisation est en mouvement et que Nafissatou y est pour beaucoup, pile au bon moment, en pleines crises guerres désordre climatique et marches pour la faim.
Il paraît que Nafissatou ne sait écrire que son nom. Elle a porté plainte et déclenché une vague qui ne fait que grandir, en ouvrant plus grand les yeux à celles et ceux qui ont pourtant des lettres. Quelle que soit l’issue du procès,  quelle que soit la vérité, la démarche est à mon sens une leçon. Le phénomène enclenché, l’espoir d’un changement de société.
Je ne peux m’empêcher de penser à Rosa Parks.
Il y aura toujours les drapés et cousus, mais « dé-caster » la classification par l’habit devrait recentrer sur la grande classe de l’humain. Eduqué ou pas.
Je vous laisse avec ces personnes solaires présentes ce 21 mai, à qui j'aurais bien dit "on boit un verre?". 
J’aimerais beaucoup avoir votre avis sur l’habit.


Signé
votre dévouée salope.